Pharmacie : un accès direct sur Parcoursup envisagé dès le lycée

En réponse aux difficultés de recrutement des étudiants en pharmacie, l’Ordre national des pharmaciens recommande d’ouvrir un accès direct aux études de pharmacie via Parcoursup dès la fin du lycée.

Cette solution permettrait d'éviter le passage obligatoire par la première année commune en PASS-LAS (Parcours Accès Spécifique Santé et Licence Accès Santé), instaurée par la réforme des études de santé en 2020.

Malgré une baisse notable des places vacantes, la filière peine encore à attirer des candidats, avec 293 places non pourvues en deuxième année à la rentrée 2024, contre 1 000 en 2022.

Pourquoi les facultés de pharmacie peinent-elles à faire le plein ?

La réforme PASS-LAS, qui regroupe les études de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie en première année, a introduit une compétition entre filières, plaçant souvent la pharmacie comme dernier choix des étudiants.

Les doyens des facultés de pharmacie soulignent que cette « hiérarchisation des filières » nuit à l'attractivité de la pharmacie, perçue comme un choix de « dernier recours » pour les étudiants initialement intéressés par la médecine.

Une proposition pour simplifier l’accès aux études de pharmacie

Vincent Lisowski, président de la conférence des doyens de pharmacie, remet en avant la proposition de permettre aux lycéens de postuler directement en pharmacie via Parcoursup.

Selon lui, cela limiterait le phénomène de « perte en route » des étudiants en PASS-LAS, en leur offrant un parcours simplifié dès le lycée.

Cette réforme viserait à mieux répondre aux besoins des facultés, qui voient chaque année des places non pourvues.

Ce système n'exclurait pas les étudiants de PASS-LAS : ils pourraient toujours candidater après leur première année, comme c’est le cas actuellement. Mais l’idée d’un accès direct est également un moyen de contrecarrer l’autocensure des lycéens qui hésitent à s’engager vers des études de pharmacie dès le terminale.

Des réserves du côté des étudiants et des acteurs du secteur

Bien que l'accès direct via Parcoursup soit une solution envisagée, elle ne fait pas l’unanimité. L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) émet des réserves.

Selon une enquête de l’Anepf parue en mars 2023, 80 % des étudiants en PASS-LAS n’ont pas de projet professionnel bien défini en début de parcours.

Ce manque de clarté d’orientation pourrait s’aggraver avec l’ajout d’un accès direct en pharmacie, craignent les représentants des étudiants, qui estiment qu’une année commune permet une meilleure découverte des différentes filières de santé.

Selon l’Anepf, 55 % des étudiants n’auraient probablement pas choisi la pharmacie sur Parcoursup même avec de bons résultats académiques. L’association préfère donc le maintien de l’année commune en PASS-LAS, tout en recommandant une meilleure présentation des filières pour que les étudiants puissent faire un choix éclairé.

Pharmacie : un enjeu de santé publique

Pour le secteur, attirer plus d’étudiants en pharmacie est crucial dans un contexte de pénurie et de fermeture de pharmacies dans les territoires.

En France, 25 pharmacies ferment chaque mois, alerte la Fédération des syndicats pharmaceutiques. Vincent Lisowski prévient qu’augmenter les effectifs d’étudiants en pharmacie n’est pas seulement un défi pour les facultés, mais un enjeu de santé publique. « Si la pharmacie s’écroule, la prise en charge des patients dans les territoires va également s’écrouler », avertit-il.

Les facultés et associations ont multiplié les initiatives de sensibilisation ces dernières années, avec des modules pédagogiques et des kits d’information pour informer sur les réalités du métier de pharmacien.

Toutefois, le chemin reste encore long pour rendre la filière plus attractive et répondre aux besoins des territoires.