Parcoursup : pourquoi la note du bac de français pèse autant?

Chaque année, plus de 500.000 lycéens de première passent l’épreuve anticipée écrite de français. Si cet examen a toujours été un passage obligé du baccalauréat, il prend désormais une nouvelle importance stratégique dans le cadre de Parcoursup.
Un calendrier qui bouleverse les critères d’évaluation
Depuis la réforme du bac, les épreuves de spécialité sont organisées en juin, soit après la formulation des vœux sur Parcoursup.
Résultat : leurs notes ne peuvent pas être prises en compte dans l’examen des candidatures par les établissements d’enseignement supérieur.
Pour compenser cette absence, de nombreuses formations se tournent vers les notes de contrôle continu... mais pas seulement.
La note du bac de français, anonymisée et nationale, devient un repère précieux, car elle est perçue comme plus équitable et comparable d’un établissement à l’autre.
Une note qui pèse lourd dans certains algorithmes
Certaines grandes écoles comme Sciences Po ont significativement renforcé le poids de la note de français dans leur sélection.
En 2025, elle représentait jusqu’à 60 % du total des notes analysées dans leur processus d’admission.
Cet usage s’explique par la volonté de sortir des logiques purement locales : le caractère standardisé de l’épreuve permet d’atténuer les disparités de notation entre lycées.
Pour certaines formations, cela revient à réintroduire une forme d’évaluation nationale commune, malgré l’essor du contrôle continu.
Une exigence de transparence toujours attendue
Pour de nombreux acteurs du système éducatif, le manque de clarté sur l’usage réel de cette note dans Parcoursup reste problématique.
Des voix s’élèvent pour demander plus de transparence sur les critères utilisés dans les algorithmes de sélection. Les lycéens, eux, restent souvent dans l’ignorance de la portée réelle de cette épreuve sur leur avenir post-bac.
Le français, indicateur de rigueur et de potentiel
Bien que certaines formations – notamment les classes préparatoires scientifiques – accordent davantage d’importance aux spécialités, le français reste scruté avec attention.
Il constitue un marqueur indirect des compétences rédactionnelles, de l’argumentation et de la rigueur intellectuelle du candidat.
Cela dit, une mauvaise note n’est pas toujours éliminatoire. De nombreux jurys prennent en compte les bulletins et les appréciations pour nuancer cette évaluation ponctuelle, privilégiant une analyse globale et qualitative du parcours.
Une évolution qui renforce les inégalités ?
Ce recentrage sur le bac de français pourrait avantager les lycées les mieux préparés à l’épreuve, souvent situés en milieu urbain et disposant de ressources pédagogiques renforcées.
À Paris, par exemple, les grands lycées traditionnels ont vu leurs élèves remonter dans les classements des admissions de Sciences Po.
Une tendance appelée à se confirmer
Dès 2026, l’introduction d’une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques en première viendra offrir un second indicateur national aux formations post-bac.
En attendant, la note de français reste l’un des seuls repères communs et fiables à disposition des jurys pour départager des candidats aux profils très divers.
Le bac de français, longtemps perçu comme une simple étape vers la terminale, s’est imposé comme un levier déterminant dans l’orientation post-bac.
En l’absence de données issues des spécialités au moment des vœux, il incarne aujourd’hui l’un des rares marqueurs d’égalité et de comparaison entre élèves. Un tournant que les lycéens gagneraient à anticiper dès la première.