Frais de scolarité : l’envolée des coûts en école de commerce

Publication le 31/07/2025 | MAJ le 31/07/2025
Frais de scolarité : l’envolée des coûts en école de commerce

Depuis plus d'une décennie, les frais de scolarité des Grandes Écoles de management françaises connaissent une augmentation continue et significative. Si ces institutions restent parmi les plus prestigieuses et attractives en termes de débouchés professionnels, le coût de l’excellence académique devient un véritable sujet de société.

En 2025, certaines écoles affichent des frais de scolarité dépassant les 70 000 euros, une tendance qui interroge sur l’accessibilité de ces formations d’élite.

Une hausse spectaculaire sur les 14 dernières années

Entre 2011 et 2025, les écoles de commerce ont massivement revu à la hausse leurs grilles tarifaires.

En 2011, les frais de scolarité des établissements du Top 15 oscillaient généralement entre 30 000 et 40 000 € pour l’ensemble du Programme Grande École.

Quelques écoles proposaient encore des formations à moins de 20 000 €, notamment IMT-BS et EM Strasbourg, grâce à leur statut public ou semi-public.

Aujourd’hui, les chiffres sont bien différents.

En 2025, cinq écoles franchissent le cap symbolique des 60 000 € :

Douze autres écoles affichent des frais compris entre 40 000 € et 50 000 €, tandis qu’IMT-BS reste la seule en dessous des 30 000 €, avec 28 100 €.

Cette évolution soulève des questions majeures, notamment en termes de sélection sociale et d’égalité des chances dans l’accès aux formations supérieures d’excellence.

Une hiérarchie des frais calquée sur les classements

On observe une corrélation significative entre le classement des écoles et le montant de leurs frais.

Par exemple, les écoles les mieux classées dans les classements des écoles de commerce sont aussi celles qui appliquent les frais les plus élevés.

HEC Paris domine tant par sa réputation académique que par ses tarifs.

Certaines exceptions existent néanmoins. ESCP facture plus que l’ESSEC, bien qu’elle lui soit légèrement inférieure dans les classements.

IMT-BS et EM Strasbourg, elles, conservent des politiques tarifaires modérées malgré une progression notable, en cohérence avec leur mission d’accessibilité.

Quelles raisons à cette flambée des prix ?

Les raisons derrière cette inflation sont multiples, structurelles et conjoncturelles. Voici les quatre principales explications relevées à travers notre enquête :

1. Le recul des financements publics

De nombreuses écoles sont historiquement rattachées aux Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), qui jouaient un rôle majeur dans leur financement.

Or, depuis plusieurs années, ces structures se désengagent progressivement. Résultat : les établissements doivent compenser ce manque à gagner en répercutant une partie des coûts sur les frais de scolarité.

Certaines écoles enregistrent plusieurs millions d’euros de pertes annuelles et doivent repenser leur modèle économique.

2. La quête de reconnaissance internationale

Les Grandes Écoles de management françaises cherchent à rivaliser avec les meilleures universités mondiales.

Pour cela, elles investissent massivement afin d’obtenir et de conserver les triple accréditations (EQUIS, AACSB, AMBA).

3. L’investissement massif dans l’expérience étudiante

Face à une concurrence mondiale accrue, les écoles cherchent à se différencier par la qualité de l’environnement pédagogique et du campus.

Elles développent de nouveaux formats hybrides, internationaux, et multiplient les doubles diplômes. Mais l’essentiel des investissements se concentre dans la modernisation des infrastructures.

Exemples marquants :

  • NEOMA développe un campus virtuel immersif.

  • Audencia ouvre un nouveau campus parisien et lance Gaïa, son école de la transition écologique.

  • GEM (Grenoble EM) inaugure un campus numérique et parisien.

  • MBS, ESCP, emlyon rénovent ou agrandissent leurs espaces de formation.

4. Une logique de rentabilité sur le long terme

Malgré des coûts initiaux élevés, le retour sur investissement (ROI) reste positif. Les diplômés bénéficient d’un réseau solide, de fortes opportunités d’emploi, et d’une évolution salariale rapide.

Pour beaucoup, une Grande École de Commerce ou une Grande École Management reste le meilleur tremplin vers les grandes entreprises françaises et internationales.

Des dispositifs pour limiter l’impact sur les étudiants

Conscientes du frein que peuvent représenter les frais, les écoles ont développé une panoplie de dispositifs financiers pour accompagner les étudiants :

  • Alternance (prise en charge des frais par l’entreprise, rémunération mensuelle)

  • Bourses sur critères sociaux ou académiques

  • Tarification modulée selon les revenus familiaux (ESSCA, TBS)

  • Prêts à taux 0, garantis ou non par l’établissement

  • Réductions CROUS, aides au logement, aides régionales

L’alternance est particulièrement plébiscitée : elle permet de gagner en expérience, d’éviter l’endettement, et d’intégrer plus facilement le marché du travail.

Les écoles diversifient désormais les formats (12, 18 ou 24 mois) pour s’adapter aux besoins des étudiants.

Jusqu’où iront les frais d’ici 2030 ?

La hausse devrait se poursuivre au cours des prochaines années. HEC Paris pourrait dépasser les 100 000 € en 2035, tandis que d’autres écoles du Top 5 franchiraient le seuil des 70 000 € dès 2028.

En parallèle, des écoles comme IMT-BS devraient continuer à proposer une alternative plus accessible, en maintenant des frais sous les 40 000 €.

Ces estimations, bien que prudentes, reflètent une tendance lourde dans l’enseignement supérieur privé.

Un coût en hausse, mais un encadrement renforcé

La montée en flèche des frais de scolarité est indéniable. Elle soulève des enjeux d’égalité d’accès, de diversité sociale, mais aussi de viabilité du modèle économique des écoles.

Pour autant, les dispositifs d’aide et l’alternance permettent aujourd’hui à un grand nombre d’étudiants de financer leurs études sans sacrifier leurs ambitions.